* Les mordillements du chiot

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Dix points essentiels pour comprendre et faire cesser les mordillements du chiot

      Dr Vét Jasmine Chevallier, DIE vétérinaire comportementaliste, Novembre 2017

 

 

 

Les mordillements du chiot sont aussi classiques que désagréables. Quand on parle de mordillements, il est question de la fréquence ET de l'intensité des pincements.

La disparition des mordillements est indispensable à la vie en famille sans heurts ni douleur.

Pour y parvenir, voici les 10 points essentiels !

1 – Non, les chiots ne « font pas leurs dents » quand ils mordillent !

Les mordillements sont à classer comme de l’exploration orale, comme chez le bébé humain qui met tout à sa bouche. L'exploration orale diminue progressivement au profit de l'exploration visuelle, tactile et olfactive, entre 2 et 6 mois d'âge.

Normalement, les mordillements doivent suivre une même courbe et disparaître progressivement, avant 4 à 6 mois maximum.

Ils sont indépendants des poussées dentaires et ne sont donc pas un « besoin » à satisfaire.

 

2 – Une maman-chien efficace aura commencé le travail de contrôle sur les mordillements

A partir de la sortie des dents des chiots, leur mère contrôle sévèrement les mordillements brutaux sur ses tétines ou son propre corps, ainsi que les cris de douleur émis par ses chiots lorsqu’ils jouent entre eux et se mordent.

Si votre chiot a été sevré trop tôt, ou séparé de sa mère pendant la journée, ou si sa mère était peu efficace dans son travail de contrôle de ses chiots, alors votre chiot présentera plus de mordillements et un moindre contrôle de la pression : le travail éducatif sera plus long.

3 – Les chiots mordillent pour prendre contact, pas pour « prendre le dessus » !

Les mordillements sont une conséquence de l’exploration orale et sont aussi une façon de prendre contact avec vous. C’est à vous, propriétaire adulte, d’éduquer votre chiot pour lui faire comprendre que quand on vit avec des humains, on ne prend pas contact de cette façon. C'est d'autant plus important si votre chiot cotoie des enfants, dont la peau est encore plus sensible et fragile.

Votre chiot ne vous mordille jamais pour vous provoquer, vous dominer, ou faire un bras de fer : tenter d’en venir à bout par la force ne vous mènerait à rien et abimerait l'attachement et la relation entre votre chiot et vous ! On parle ici d'éducation et jamais de punition...

 

4 – Tous les mordillements, même délicats, doivent être interdits !

Comme il est impossible d’expliquer au chiot qu’il peut mordiller « un peu » mais qu’il ne doit pas mordiller « trop fort », alors vous devez absolument refuser tous les mordillements, même les plus légers !

Bien sûr, vous devez aussi arrêter définitivement de lui mettre les doigts dans la bouche, ce que beaucoup font naturellement avec leur jeune chiot, parfois même sans s’en rendre compte.

 

5 – Les mordillements sur des objets ne sont pas le problème

Vous ne pouvez pas demander à votre chiot d'arrêter de machouiller des objets si vous le laissez vous mordiller les mains : c'est incohérent ! En d’autres termes, c’est bien en faisant cesser le mordillement sur votre peau que le chiot va progressivement diminuer son exploration orale débridée.

N'hésitez pas à lui donner des balles en caoutchouc, ou tout autre jouet indestructible, pour dévier sa petite mâchoire sur un support plus adapté que vos doigts.

6 – Plus le chiot est excité, plus il mordille, et plus il mordille fort

Tenez compte du niveau d’excitation instantané de votre chiot lorsque vous essayez de l'éduquer : si votre chiot est déchainé et attrape tout ce qui passe devant lui, arrêtez complètement de vous occuper de lui, le temps qu'il fasse « retomber la pression », et autorisez-le à prendre contact à nouveau avec vous un peu plus tard. Dans la même veine, les cris, les grands gestes ainsi que toutes les méthodes qui excitent le chiot sont toujours contre-productives : il s'excitera encore plus, et mordillera encore plus fort.

 

7 – Un chiot bien occupé mordille moins

Vous devez repérer les moments de calme et en profiter pour faire les gros câlins, les petits exercices de toilettage, etc.

Un chiot qui manque d’activité est plus excité et mordille plus : les vieux poncifs qui interdisent les sorties précoces (car les vaccins ne sont pas faits, pour préserver les hanches…) sont complètement dépassés et nuisent à l’équilibre comportemental de votre chiot.

 

8 – La stimulation visuelle déclenche la prise en gueule

Si votre chiot est en phase d’excitation, le passage de la main devant ses yeux (pour lui caresser la tête par exemple) aura tendance à déclencher la prise en gueule et les mordillements.

Essayez, surtout en phase d’énervement, de prendre contact avec votre chiot en passant votre main par l’arrière de sa tête, pour ne pas stimuler son champ de vision.

Le mouvement des jambes, des vêtements et de tout ce qui bouge devant ses yeux aura le même effet stimulant.

 

9 – Il n’existe pas de méthode universelle adaptable à tous les chiots

Rappelons-le, le travail éducatif n’est pas le rôle des jeunes enfants mais des adultes de la famille.

Aucune méthode ne doit être punitive ou viser à faire mal : le chiot doit être interrompu dans son mordillement, et comprendre que s’il continue à mordiller, son comportement va le priver d’une interaction avec son maître, alors que s’il ne mordille plus, l’interaction pourra continuer.

Différentes techniques peuvent être testées, qui ne devront pas être répétées plus de 2 ou 3 fois de suite. En cas d’échec, le plus efficace est de se lever et de se désintéresser clairement du chiot pendant quelques minutes :

  • Dire « Aïe » et immobiliser sa main quelques secondes : le chiot, surpris puis intrigué, lâche alors spontanément les doigts (alors que retirer très vite sa main déclencherait une nouvelle prise en gueule),
  • Maintenir la gueule du chiot fermée en mettant la main en pince autour de son museau jusqu’à ce qu’il couine, puis relâcher,
  • En plus, éventuellement, rabattre la (les) babine (s) du chiot entre ses dents pour qu’il se surprenne à se « mordiller lui-même »,
  • Ou insérer un doigt jusqu’à l’articulation entre les maxillaires, ce qui empêche le chiot de fermer la gueule, tenir une ou 2 secondes.

Certains professionnels recommandent de pincer fortement la babine ou de mordre l’oreille du chiot. Ces méthodes sont censées reproduire un comportement canin, qui serait alors facilement compréhensible par le chiot, néanmoins elles restent basées sur la douleur et présentent donc le risque de déclencher une escalade symétrique et des réactions agressives de défense. Nous vous déconsonseillons donc fermement ce type de méthode !

Dans tous les cas rappelez-vous qu'il s'agit d'un apprentissage qui va prendre quelques semaines, patience et pas d'énervement !

10 – Si mordillements et destructions orales s’amplifient, une consultation s’impose !

Les chiots qui mordillent mais ne détruisent rien avec leur bouche ont a priori les prérequis pour que le comportement de mordillement disparaisse facilement avec un peu d’opiniâtreté dans la méthode.

En revanche, si le chiot est un destructeur intempestif, qui déchiquète des objets et en ingère des morceaux, ou que les tentatives de contrôle des mordillements se soldent par une augmentation de l’excitation voire des réactions qui semblent agressives, une consultation  s’impose au plus vite pour une évaluation complète du comportement de votre chiot et une prescription de conseils adaptés de façon spécifique à son profil !

N'hésitez pas à nous demander conseil !

Renseignements ici